Un jour, une balade

Pour profiter de l’île il n’est pas non plus nécessaire de la traverser. Parfois une descente à la plage suffit. Dimanche, d’un autre mois, je décide de descendre à la journée. Par chance il y a du soleil. La manchotière continue de bouger. Les adultes se font plus rares et les crèches de poussins sont maintenant bien formées. Les adultes restants se regroupent pour la plupart en bord de plage. Nous ne savons pas trop si se sont des « glandeurs » en échec de reproduction ou tout simplement les parents des poussins qui se reposent un peu avant de re-faire un long voyage en mer. Les poussins quant à eux n’ont pas l’air de trop s’en faire. Ils profitent eux aussi de la clémence de la météo même si ils supportent assez mal les « hautes températures ». Leur repos sera de courte durée puisqu’ils devront lutter contre les Pétrels Géants, principaux prédateurs « terrestres » des poussins ! Un peu plus loin dans l’océan nous assistons à un ballet d’oiseaux que je n’ai beaucoup vus ici. En plus des habituels Pétrels et Goélands, il y a aujourd’hui un petit groupe de Damiers du Cap. Un petit point noir virevolte au dessus de l’eau. C’est une Océanite de Wilson. Pour la photographier il faut être patient et surtout une grosse carte mémoire… Pour terminer mon tour photographique je fais la photo classique du « torse » de manchot sortant de l’eau, avec la lumière du soleil couchant… une de mes préférées.

Et puis au moment de partir un Cormoran traverse la baie. Lui aussi j’ai eu beaucoup de mal à le photographier… cette fois ce n’est pas trop mal. Il est maintenant l’heure de remonter, juste avant Ben fait un dernier contrôle chez les poussins. Hui il y en a qui bosse aussi.

 

Les manchots et les couchés de soleil sur la plage c’est bien joli mais y’a pas que ça dans la vie ! Non c’est vrai. Il y a aussi les levés de soleil sur l’île de l’Est. Je pense que je ne pourrais jamais m’en lasser. Tout est là pour assurer le spectacle : le soleil aux couleurs rouges épaisse, l’Océan, quelques nuages et bien sûr l’île de l’Est. Cette île change tous les jours. Elle donne vraiment l’impression de jouer avec les éléments.

Chacun d’entre nous rêve d’aller y mettre le pied. Bon d’accord nous sommes déjà sur une île paradisiaque, d’accord il faut préserver les autres îles de l’archipel contre la présence humaine. Mais tout de même, juste un petit tour, une nuit, une semaine, un mois… histoire de faire le tour de la vallée de l’abondance et de s’assurer qu’elle porte bien son nom.

Mais revenons à la dure réalité de la base, l’hiver arrive et il faut s’y préparer. Le changement de météo se fait sentir. Les jours de fort vent sont plus nombreux, la température baisse et les averses de neiges blanchissent la base le temps d’une journée. Ses averses que l’ont voit arriver depuis le Sud. Elles foncent sur l’Océan et se dirigeant vers nous. Le contraste est surprenant. D’un côté le ciel bleu et sans transition un nuage sombre, rempli d’eau et qui la déverse avec force sur son passage.

Pour autant les conditions sont loin d’être drastiques. Nous avons encore des journées de beau temps nous permettant quelques sorties à la journée avec parfois une surprise en prime… Dernièrement nous avons tenté de « gravir » le pic du Mascarin. C’est le point culminant de l’île. A 7h00 la fine équipe est prête. Nous trépignons d’impatience mais il faut attendre encore un peu il ne fait pas tout à fait jour… TOP départ ! Nous passons une journée magnifique. Presque pas un seul nuage, du soleil et une température largement acceptable. Seulement voilà, quelques jours avant il a neigé, il a fait froid et le vent à bien soufflé. C’est pourquoi lorsque nous arrivons sur ce qui doit être la dernière crête avant le sommet nous sommes obligés de changer nos plans. Le sol est complètement gelé. Chaque pas se fait lentement pour ne pas se retrouver sur les fesses par terre. Malgré la prudence tout le monde aura droit à sa gamelle ! Puisque le Mascarin ne veut pas de nous, nous décidons de prendre la direction du lac Perdu. Nous voici sur l’arrête du Styx à un peu moins de 100m au dessus du lac. C’est là que nous faisons notre pause déjeuné. Cette partie de l’île est finalement assez peu visitée puisqu’il y a peu de programmes qui y travaillent. Nous savourons notre plaisir avec une bonne bouteille de rouge que Julien a apporté. Si quelques courageux choisissent de descendre vers le lac, les autres (dont moi) restent ici pour une petite sieste digestive. Sur le chemin du retour pour ne pas être trop frustrés nous faisons un crochet par le mont Branca. C’est ce qu’on appellerait une colline, juste derrière la base et qui culmine à 383m (selon la carte) 396m selon mon GPS…

Cette belle journée nous a donné envie de revenir voir ce lac ce que nous faisons la semaine d’après.

Encore une fois, une journée suffit (même une journée d’hiver) pour cette balade. Après un départ aux aurores… nous faisons le chemin comme la dernière fois, sous le soleil, même si là il y a plus de vent et qu’il fait plus froid. Pour avoir bonne conscience et ne pas dire qu’on s’est balader juste pour se balader (enfin surtout pour Carole parce que pour moi c’est clairement une promenade) nous faisons un détour par la station HOBO de Carole. Au moment de relever les données de températures, son appareil lui indique qu’il est plein… Elle ne peut donc rien récupérer. Hui une journée loisir reste une journée loisir. Une fois arrivés au lac Perdu nous décidons d’aller jusqu’au cap Galliéni. Depuis ce cap nous avons une vue imprenable sur la vallée du La Pérouse et toute les crêtes environnantes. Le clou du spectacle ne vient pas de l’île de la Possession mais de l’archipel de Crozet ! En effet au loin nous apercevons ce qui semble être l’île des Apôtres et l’île aux Cochons. Certes nous ne voyons que des bouts de sommets dépasser des nuages, mais nous les voyons tout de même !

La journée se termine par un magnifique couché de soleil qui va nous accompagner jusqu’à la base.