OP 3
4h20… le réveil est difficile. Tellement difficile que je ne me lève pas avant 5h. Après un rapide coup d’œil par le hublot je devine que le bateau n’avance plus mais je ne vois que de l’eau. Je m’empresse alors de monter sur le dernier pont. L’île de la Possesion est bien là, juste devant nous. Nous sommes au Nord de l’île, à Pointe Basse. La combinaison de tous les éléments rend le spectacle vraiment particulier, on croirait regarder un tableau mouvant. Le soleil levant imprime le fond de cette toile d’une couleur rougeâtre. Les nuages balayés par le vent modifient de minutes en minutes la luminosité qui nous fait découvrir les reliefs de cette « côte Nord ». En face de nous se tient le champ d’albatros. C’est une sorte de grande plaine dominée par une chaîne de relief au Sud. Juste en dessous, presque à flanc de falaise nichent des manchots gorfous macaroni. De part et d’autre de ce « champ » se sont des falaises plus abruptes qui forment le littoral.
Avec côté Est les jardins Japonais où se trouve la plus importante colonie de manchots royaux. A l’Ouest on aperçoit la queue du Dragon puis les Moînes (rochers penchés en bord de mer) et enfin la roche Percée en pleine mer.
L’OP débute ici, plusieurs équipes doivent se rendre à cet endroit de l’île (opposé à la base) pour des manips scientifique ou pour l’entretien des refuges. Ils vont donc profiter de l’hélico et nous du spectacle. Petite anecdote de l’OP, les agents (très spéciaux) de la réserve doivent poser des caillebotis (pour limiter le piétinement). Seulement ils sont rangés (depuis 3 rotations) dans la cale avant dont la porte est bloquée par une vedette. Après hésitation, les marins décident de déplacer la vedette et de la poser sur le pont tribord. La mer n’est pas toute calme, la vedette est lourde et le pont n’est pas large… Nous assistons à la scène depuis la timonerie avec le commandant et l’OPEA (le responsable de l’OP). Lorsque la vedette est « en l’air » les marins ne peuvent plus trop reculer. Le grutier fait ce qu’il peut mais la houle donne un léger balancier à la vedette. Tant bien que mal, les marins essaient de la guider avec les cordes attachées dessus. C’est au moment le plus critique, où la vedette est à hauteur d’Homme (mais finalement loin du sol) que le bateau est un peu balancé. Les marins tentent de retenir la vedette, le grutier la pose au plus vite. La manœuvre était délicate mais il n’y a pas de blessés (ce qui à mon sens tient du miracle). Le commandant et l’OPEA ont reprit leur respiration…
Lorsque tout le monde est de retour à bord nous reprenons notre route : direction la base ! Des manchots sont venus nous saluer. C’est fou ce qu’ils sont curieux. Ils viennent par petit groupe de 10-15 environs. Ils contournent le bateau comme pour faire une inspection. Bien que content de voir nos premiers manchots nous ne voyons toujours pas d’orque….
Après une petite heure de navigation la base est enfin là ! Tout s’accélère un peu, tout le monde se réactive pour préparer l’OP. Comme la tradition le veut c’est le courrier qui sera débarqué un 1er, puis suivront les VATs. Nous sommes dans le couloir de la DZ. L’ambiance est plutôt détendue. L’hélico fait la 1ère rotation. Nous entrons alors dans le garage, ouvert sur la DZ, pour nous préparer. Cette fois à moins d’une catastrophe naturelle je suis sûr d’être sur la base dans moins de 3min. L’hélico revient. Après un dernier « au revoir » aux personnes juste autour de nous, nous prenons place dans la machine. Bon prince, Jérèm nous laisse les places côté fenêtre. Le trajet dure moins de 2min mais il veut dire beaucoup pour nous. Dès notre sortie de l’hélico nous sommes accueillis par nos prédécesseurs… Une fois à terre je ne peux m’empêcher de prendre un peu de cette terre dans la main. Cette fois c’est bon on y est ! Nous attendons le reste de la troupe avant de nous rendre dans le bâtiment de vie commune et apprendre, entre autres choses, comment va se dérouler la suite de l’OP ces 3 prochains jours. La base sera ravitaillée en nourriture et autres produits et sera débarrassée de ses déchets. Cela se fait à la fois par la voie des airs via l’hélico mais aussi par la voie maritime via « la portière ». Imaginez 3 énormes boudins rempli d’air sur lequel Robinson Cruzoé aurait monté des planches pour faire un radeau, le tout tiré par une vedette (la fameuse). C’est par ce dernier « moyen de transport » que les caisses contenant nos cantines arrivent sur la base. Heureusement la mer est plutôt calme aujourd’hui…
A peine arrivés, la répartition des tâches
durant l’OP est telle que nous allons très
vite découvrir ce qui sera notre terrain de travail pour la plupart : la manchotière.